Enjeux de l’enseignement supérieur en Afrique francophone : un regard externe

Par le Professeur Harry GAMBLE, Professeur, The college of Wooster, Etats Unis

Partant du titre qui m’a été proposé « Les enjeux de l’enseignement supérieur en Afrique francophone », je voudrais proposer quelques pistes de réflexion qui me semblent fécondes. Je dois préciser que je suis historien, ce qui veut dire que mon regard se porte plus facilement sur le passé que sur le moment présent ou sur le futur. Dans ma communication aujourd’hui, je vais donc me permettre de faire quelques allers-retours entre le passé et le présent. Se rappeler l’histoire, cela peut aider à mieux cerner les défis actuels et mieux cibler les politiques publiques. Je devrais préciser aussi que, dans ma communication, il sera plutôt question du Sénégal.
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L’épineuse question de la dette privée des pays africains dans le contexte du Covid-19 »

La crise de 1982 avait déclenché un vaste programme de restructuration de la dette des pays en développement, dont un certain nombre étaient en défaut de paiement. Dans les années 1970, ces pays avaient largement bénéficié de prêts accordés par les gouvernements des pays développés, les institutions de Bretton Woods et les banques commerciales internationales, dans un contexte de montée en puissance de la liquidité mondiale largement imputable à l’accumulation des euro-dollars.

Après de longues périodes de négociations entre créanciers et États en défaut de paiement, un consensus s’est dégagé à travers le plan Brady qui a permis une restructuration de la dette de 18 pays. Ce plan était fondé sur des mécanismes d’échanges de dettes bancaires contre des titres obligataires.

Comment la crise de 1982 a contribué à instaurer un cadre institutionnel fondé sur les clauses d’action collective

Au début des années 2000, après plusieurs réflexions et concertations, le comité monétaire et financier (CMFI), l’organe consultatif du Conseil des gouverneurs du FMI, propose deux mécanismes de restructuration de la dette souveraine (MRDS). La première approche, plus souple pour les débiteurs, reposait sur un cadre juridique légal de restructuration de la dette. Une seconde, plus compliquée, basée sur l’introduction de clauses d’action collective (CAC) dans les émissions de titres souverains, a été retenue par les créanciers privés. En langage simple, les clauses d’action collective permettent aux détenteurs d’obligations de se mettre d’accord sur la restructuration de la dette, même si certains d’entre eux s’y opposent, à condition que la majorité soit d’accord.

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Formal and Informal Enterprises in Francophone Africa: Moving Toward a Vibrant Private Sector

 

Cover Livre RecteurDirecteur(s) : Ahmadou Aly Mbaye, Stephen S. Golub et Fatou Gueye
Maison(s) d’édition : CRDI / 2020-07-03
ISBN : 9781552506158 / 350 pages
e-ISBN : 9781552506165

Sauver l’économie informelle face au Covid-19 en Afrique de l’Ouest

L’Afrique de l’Ouest est jusqu’ici relativement épargnée par la pandémie. Non seulement la propagation de la maladie y est beaucoup plus lente que dans la plupart des autres régions du monde, mais le nombre de décès y est aussi nettement plus réduit.

Cependant, avec la récente exacerbation de la propagation de l’épidémie, un certain nombre de voix se font entendre pour réclamer un durcissement des restrictions imposées aux déplacements des populations, voire un confinement total des pays. Si l’on peut concéder que cette augmentation fulgurante peut être expliquée par le non-respect des règles édictées, l’idée qu’un confinement favoriserait plus de discipline reste douteuse.

Au contraire, la recherche sur le niveau de développement institutionnel de nos États et sur l’économie souterraine tend plutôt à inférer qu’un confinement pourrait se traduire par une explosion des activités souterraines, incontrôlées, et de nature à davantage favoriser les contaminations communautaires.


Cas communautaires ou cas socio-économiques ?

Il est fort à craindre que les transmissions communautaires se multiplieront si les restrictions actuelles sur les affaires, notamment informelles, se durcissent. La littérature économique présente, en effet, de nombreux exemples qui montrent de façon très nette que la répression policière n’a presque jamais réussi à stopper les activités frauduleuses lorsqu’elles font face à de fortes incitations.

Or le confinement rend très lucratives certaines activités clandestines comme le transport frauduleux de personnes et des marchandises observé actuellement au Sénégal, le montre. En effet, de nombreuses personnes empruntent des chemins détournés ou des motos Jakarta clandestines pour contourner les restrictions sur les déplacements interurbains. En attestent aussi les comptes rendus parus dans la presse sur la situation dans les marchés à ciel ouvert, mais aussi dans les cérémonies familiales, comme les baptêmes, mariages ou autres cérémonies religieuses. Les cas documentés de regroupements de personnes au-delà de ce qui est raisonnable en cette période si anxiogène sont légion.

Moderniser l’informel pour créer les conditions de la relance post-Covid-19 en Afrique : le cas du Sénégal

Avec la levée des restrictions sur les affaires, sur les déplacements et sur les rassemblements de personnes que viennent de décider beaucoup de gouvernements africains, le continent aborde un nouveau tournant dans la gestion de la crise du Covid-19.

Cette reprise des activités, qui touche d’importants segments de l’économie informelle, rend encore plus urgente la mise en place d’un dispositif plus efficace de suivi et d’encadrement pour les PME, informelles pour l’essentiel. Cela permettrait de limiter les risques de propagation du virus. Ce serait également pour le continent l’occasion d’amorcer un changement radical de sa trajectoire économique.

Faciliter une reprise post-pandémie favorable à une transformation structurelle de l’économie

Étant donné le caractère tentaculaire de l’informel dans l’activité économique en Afrique, toute politique destinée à obtenir une relance durable de l’économie devra nécessairement s’appuyer sur ce type d’activité. Les économistes appellent « transformation structurelle » le processus conduisant au déplacement des ressources (essentiellement les travailleurs) des activités à faible productivité vers les activités à plus forte productivité.

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